Hommage à Anne-Marie Cantin
Ma tante, Anne-Marie Cantin, est décédée au début de l’année 1958 à l’âge de trois ans. Alors que ses parents, Yolande et Hilaire, nettoyaient la ferme familiale, la jeune enfant tomba dans une bassine d’eau bouillante. S’en est suivit des cris à glacer le sang qui ne s’arrêteront que trois semaines plus tard à la fin d’une terrible agonie.
Voici l’histoire tel que je l’ai comprise. Etant un sujet sensible et peu discuté, c’est seulement après plusieurs conversations profondes et vulnérables avec mon père, Bernard Cantin, que le sujet s’est éclairci. Puis un jour lors d’une retraite de méditation, un rêve est venu illustrer cette scène. Ce rêve n’avait rien d’ordinaire pour moi. Tout semblait réel et je sentais tout. J’ai revécu toute la scène. En commençant par le point de vue de la victime, sa douleur inimaginable, des brûlures intenses qui ne s’arrêtent pas, le choc, l’incompréhension et pas le temps de respirer, pas de pause. Je n’avais jamais rien vécu d’aussi intense. Après j’ai senti le choc des parents, leur colère, leur honte, et aussi leur tristesse qui n’a jamais été vécue.
Ces émotions étaient trop a gérer pour les parents. Mon grand-père s’est réfugié dans l’alcool et la violence et ma grand-mère dans la culpabilité. Ces émotions non-digérées ont été transmises à mon père, et finalement à moi-même. J’ai cherché depuis longtemps la source de mes traumas en ayant de la difficulté à la localiser et aujourd’hui je suis convaincu qu’une partie de ma souffrance est liée à cet événement. Je sens ces émotions qui veulent être senties. Je sens cette histoire qui veut être racontée.
A Anne-Marie, puissent tes brûlures s’apaiser. Puisses-tu trouver le repos et la paix.
A Yolande et Hilaire, puisse votre deuil être vécu dans son entièreté.
A mon père, ma famille et moi-même, puissent les conséquences de cet événement être pleinement guéries et intégrées.
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