New York est la ville la plus photographiée et la plus filmée au monde. La plus racontée aussi. Tellement que nous en avons tous une image. Là je suis sûr qu’en m’écoutant, vous en avez une en tête. Je ne sais plus qui a dit que c’est la seule ville à être mieux en vrai que sur les cartes postales mais que dire alors de New York, la nuit. C’est vrai qu’à l’heure où le soleil se couche, où des centaines de milliers de fenêtres et enseignes s’éclairent à l’électricité, cette ville étonnante change de visage, devi...
New York est la ville la plus photographiée et la plus filmée au monde. La plus racontée aussi. Tellement que nous en avons tous une image. Là je suis sûr qu’en m’écoutant, vous en avez une en tête. Je ne sais plus qui a dit que c’est la seule ville à être mieux en vrai que sur les cartes postales mais que dire alors de New York, la nuit. C’est vrai qu’à l’heure où le soleil se couche, où des centaines de milliers de fenêtres et enseignes s’éclairent à l’électricité, cette ville étonnante change de visage, devient féérique. Sans doute parce que chaque lumière nous dit : hé, il y a quelqu'un, là-dedans, une histoire se déroule à l’intérieur, et peut-être, sans doute que cette histoire est passionnante.
Regardez la porte de cet immeuble s’ouvrir, à deux pas de l’East River, vous voyez le type qui en sort ? Oui, il est deux heures du matin, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce Londonien est venu vivre ici, en 1980, dans cette ville qui ne dort jamais. Il est vrai que pour un gars qui souffre d’insomnie, Londres et l’Angleterre en général, ne sont pas réputés pour la densité de leur vie nocturne. Par contre, ici, quelle que soit l’heure, Freddie sait qu’il peut appeler un taxi pour se faire conduire en boîte et rencontrer des gens. En plus, les Américains n’ont pas encore imprimé son nouveau look cheveux courts et moustaches, on ne le reconnaît pas d’emblée. Le temps de descendre les 33 étages en ascenseur, le taxi l’attend en bas de son immeuble, le Sovereign, qui possède une vue imprenable sur Manhattan depuis l’East River.
Et c’est vrai que c’est superbe depuis le balcon de son appart. Mais vu de si haut, la solitude, la nuit, n’en est que plus grande, elle vous donne autant l’impression de survoler la ville que d’en être exclu. Alors souvent,
Freddie Mercury craque et sort. Un regard vers l’ombre du pont devenu célèbre depuis peu grâce à l’affiche du film de
Woody Allen, Manhattan. Freddie est allé voir jusque-là, c’est tout près, mais le banc où le héros passe la fin de nuit avec sa maîtresse en attendant le moment où sa myriade de lumières s’éteint au lever du jour, n’existe pas. Il paraît qu’il a été placé juste pour le film.
Freddie donne une adresse au taximan qui démarre, comme la conversation. Arrivés à un grand carrefour, le chauffeur lui demande de regarder à droite, par la vitre, un immeuble qu’il désigne.
Freddie scrute une façade franchement décrépie mais non, rien.
Il lui tend alors une cassette préenregistrée que Freddie reconnaît, c’est l’album le plus vendu du moment, celui de
Billy Joël, et de son tube, Honesty. Tout le monde l’a acheté à New York, dit-il. Et pas qu’ici. Freddie écoute le chauffeur lui raconter fièrement avoir assisté par hasard à la séance photo il y a quelques mois. Il avait ralenti en voyant un coin de façade éclairé par des parapluies de photographe au milieu de quelques badauds, et il avait reconnu Billy Joël. Il était, bien sûr, déjà fan ; comment ne pas l’être du type qui a chanté Piano Man, cette chanson qui raconte si justement l’Amérique la nuit, celle des bars. Il était descendu de son taxi mais avait été tenu à l’écart.
- Quelle aventure, ironise Freddie. C’est fou les rencontres qu’on peut faire quand on est à New York. Bon, chéri, on y va ? Tu m'emmènes en boîte ?