Vendredi matin, mon mari m’a téléphoné pour m’annoncer deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La première était qu’il avait fait le plein avant d’aller au travail ce qui signifiait que nous pouvions partir en vacances. La deuxième était qu’on lui demandait de renoncer à ses vacances! Il travaille dans le transport de produits pétroliers et les grèves ont entraîné des complications d’approvisionnement donc des complications dans son travail. Je suis passée du soulagement à une vive d...
Vendredi matin, mon mari m’a téléphoné pour m’annoncer deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La première était qu’il avait fait le plein avant d’aller au travail ce qui signifiait que nous pouvions partir en vacances. La deuxième était qu’on lui demandait de renoncer à ses vacances! Il travaille dans le transport de produits pétroliers et les grèves ont entraîné des complications d’approvisionnement donc des complications dans son travail. Je suis passée du soulagement à une vive déception.
- Demande à ton père s’il peut vous accompagner. Ce serait dommage de ne pas partir du tout, m’a suggéré mon mari.
Mon père, ravi d’un séjour inespéré en Bretagne, a tout de suite dit oui. Nous sommes donc partis.
Sur la route, il y avait un peu la queue aux stations d’essence, mais surtout autour des grandes villes : Paris, Le Mans, Rennes. Nous avons fait le plein à la sortie de l’autoroute dans une station où il n’y avait que deux voitures qui faisaient la queue par pompe.
Pendant que la voiture roulait, je repensais au mail d’un ami Américain qui m’avait écrit quelques jours auparavant. Il était inquiet et souhaitait que les manifestations et leurs débordements aient évité notre quartier. Mais quelle image avait-on donné de la France? Je trouvais cette inquiétude exagérée, les manifestations ayant surtout lieu dans Paris intra muros. C’est un peu comme si je lui avais écrit, au moment de la crise des subprimes, que j’avais peur qu’il ne se fasse expulser. Il ajoutait que les grèves sur les retraites n’avaient pas la sympathie des Américains qui partent à la retraite en moyenne à 66 ans. Alors, premier point la retraite qui passe de 60 à 62 ans concerne pour cet âge seulement les personnes qui ont leurs 41 de cotisations. Il s’agit des personnes qui ont commencé à travailler à 21 ans ou avant. Si par exemple vous avez commencé à travailler à 25 ans, vous partirez à la retraite à 66 ans (25+41). Mais, les Français défendaient d’abord un système, le régime des retraites par répartition qui est un régime qui repose sur la solidarité entre les générations : les actifs payent les pensions des retraités. Problème, nous disent les politiques, il y a de plus en plus de retraités. Pour pallier à ce problème démographique, il va falloir que les salariés travaillent plus longtemps. Ne trouvez-vous pas étrange que l’on allonge la durée du travail dans un pays où près d’une personne de plus de 55 ans sur deux est au chômage? Ce n’est pas étrange si l’on trouve par ce biais un moyen de baisser le montant des pensions. C’est bien ce qui se passe si, lassé de chercher du travail à disons 60 ans, vous décidez de prendre votre retraite. Vous n’avez pas cotisé les fameux 41 ans alors on applique une décote au montant de votre pension. Et ce montant ne fait que baisser depuis des années grâce à différentes lois. Par exemple la loi Balladur : le montant de votre pension est calculé non plus sur les 10 meilleures années, mais les 25 meilleures années. Et c’est là que les retraites privées pointent leur nez, offrant des solutions par capitalisation. Et à qui profitent-elles? Aux financiers d’un côté et à ceux qui en ont les moyens de l’autre. Et hop! à la poubelle la solidarité. A-t-on étudié d’autres solutions? Par exemple soumettre à cotisation les revenus du capital. Non, il ne faut surtout pas faire peur aux marchés, ces grands dictateurs. Augmenter les cotisations? Non, cela nuirait à la productivité (depuis quand la productivité tient-elle compte du montant des cotisations? On ne parle pas d’augmenter les salaires!). Bref, pour beaucoup de Français tout ça sent l’arnaque. Et les lycéens, préoccupés de leur avenir, l’ont aussi senti. Alors, non ce mouvement n’est pas sympathique, il est essentiel. Sinon, le voyage s’est bien passé. Notre maison est très agréable et la mer est toujours aussi belle par ici.
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