Ce matin, j’ai fait une expérience. Lisa était à la garderie, je suis allée à Paris. J’avais l’intention d’acheter du thé. Je suis allée dans une boutique dont j’avais déjà goûté les thés quelque part, il y a longtemps. Après avoir longuement étudié la vitrine remplie de théières aux formes variées (plates, rondes, carrées, hautes, cylindriques) aux matières différentes (fonte, céramique, porcelaine), et aux couleurs douces ou chatoyantes, j’ai poussé la porte de cette belle boutique. J’a...
Ce matin, j’ai fait une expérience. Lisa était à la garderie, je suis allée à Paris. J’avais l’intention d’acheter du thé. Je suis allée dans une boutique dont j’avais déjà goûté les thés quelque part, il y a longtemps. Après avoir longuement étudié la vitrine remplie de théières aux formes variées (plates, rondes, carrées, hautes, cylindriques) aux matières différentes (fonte, céramique, porcelaine), et aux couleurs douces ou chatoyantes, j’ai poussé la porte de cette belle boutique. J’ai été très aimablement accueillie. Après avoir écouté ce qui me ferait plaisir le vendeur, portant sur sa chemise claire un gilet dans un tissu à fleurs qui me faisait penser à la visualisation qu’on pourrait avoir des arômes d’un thé fleuri, a descendu de l’étagère, d’un geste qui semblait étudié, une des grosses boîtes de stockage à thé.
— Je vous propose cet Earl Grey déthéiné. Un thé noir de Ceylan parfumé à la bergamote de Sicile.
Il avança vers moi la boîte ouverte.
— Hum, ça sent bon !
— C’est un classique qui a toujours du succès. Sinon, que pourrais-je vous proposer ? Un Rooibos ?
— Je n’aime pas trop.
— Alors un thé blanc. Nous avons un thé blanc parfumé aux fruits de la passion, abricots et pétales de rose.
Tout ceci allait parfaitement avec son gilet. Le vendeur avança la boîte qu’il venait d’attraper de son geste assuré et plein de distinction.
— Je vous en prie !
— Hum, ça sent merveilleusement bon. Je vais prendre 100 grammes de chaque, s’il vous plaît.
— Je vous prépare ça.
Il alla chercher des sachets hermétiques qu’il remplit avec sa pelle à thé. Je le regardais faire distraitement quand soudain j’ai remarqué son visage alors qu’il venait de plonger la pelle à thé. Une terrible grimace de douleur. En un instant, son visage entier s’était crispé. Et un instant plus tard, il était de nouveau serein. C’était surprenant. Je continuais à l’observer. La grimace revint à chaque fois qu’il plongea la pelle. J’ai fait comme si de rien n’était, mais je suis ressortie de cette boutique bien intriguée, imaginant tout un roman autour de ce vendeur en gilet fleuri et de sa douleur du thé.
View more