Lorsque Marie-Claire parle de quelque chose, elle raconte toujours une ou deux histoires pour illustrer son propos. Lorsqu'elle nous a conseillé, comme je vous le racontais hier, une autre route pour rentrer dans le Finistère, elle nous a parlé de la fois où elle et son compagnon étaient sortis un peu trop tôt de la voie express et s'étaient perdus. On peut dire qu'elle ne nous a pas porté chance. Si elle a des clients qui l'hypnotisent, elle doit aussi avoir un pouvoir de sorcière! Parce qu...
Lorsque Marie-Claire parle de quelque chose, elle raconte toujours une ou deux histoires pour illustrer son propos. Lorsqu'elle nous a conseillé, comme je vous le racontais hier, une autre route pour rentrer dans le Finistère, elle nous a parlé de la fois où elle et son compagnon étaient sortis un peu trop tôt de la voie express et s'étaient perdus. On peut dire qu'elle ne nous a pas porté chance. Si elle a des clients qui l'hypnotisent, elle doit aussi avoir un pouvoir de sorcière! Parce que cette fameuse route express, nous l'avons prise. Pour la rejoindre, nous avons traversé les Monts d'Arrée dans la brume et je m'attendais à voir un farfadet traverser la route à chaque instant. Rouler dans la brume donne l'impression qu'on est hors du temps. Vous ne trouvez pas?
Pourquoi on ne voit rien, Maman? a demandé Micaela dans un demi-sommeil.
- Parce qu'on est dans les nuages!
- Ah.
Finalement, nous avons quitté les montagnes pour la route express. Les kilomètres ont vite passé. Je pensais que nous aurions fait le voyage de retour en deux heures seulement.
- Où est-ce qu'on sort? a demandé mon père.
- La première sortie après Quimper. Après on prend une petite route et on rejoint la route de Kerriou.
Je me fiais à la carte, bien sûr. Nous nous sommes retrouvés dans un bourg.
- Je ne comprends pas. On aurait dû tomber sur une route en direction de Concarneau.
Nous avons fait le tour du bourg. Rien, aucune indication, sinon celles de la salle polyvalente, d'un restaurant, de l'école maternelle.
- D'après toi, on va où? a demandé mon père.
- Je pense qu'on devrait rebrousser chemin.
C'est en retournant de là d'où nous venions que nous avons vu une indication. « Elliant ».
Ah, je vois où on est, mais c'est étrange... Ah, ça y est, je comprends, on s'est trompé de sortie. La carte est mal faite à cet endroit. Bon, on va tout droit et on devrait trouver une route sur la droite qui nous amène vers Saint-Yvi.
A nouveau la brume. Et sur la droite, que des culs-de-sac ou des routes si étroites qu'on ne pouvait penser les prendre. A un moment, j'ai retrouvé un des bleds indiqués sur la carte.
- Oh, là, là, on est allé trop loin. Prends la prochaine à droite.
Nous nous sommes enfoncés dans la forêt, sur une toute petite route. Il commençait à pleuvoir. Micaela nous a dit qu'elle avait peur.
- On va mettre de la musique, ai-je dit.
J'allume la radio et les premières notes de la Cinquième symphonie de Beethoven emplissent la voiture. La route descendait, sinueuse. Nous avons passé un tunnel, puis la route montait. Nous avons croisé une autre voiture dont nous avons juste vu les phares. Heureusement à cet endroit-là la route était plus large. Mon père a ri en imaginant que l'autre conducteur devait se dire quelque chose comme « En vingt-cinq ans, c'est la première fois que j'croise une voitur' sur cet' route ». Nous avons roulé comme ça pendant un bon quart d'heure avant d'arriver à un croisement. Aucune indication. Si, là, caché sur un talus nous avons vu le panneau « Saint-Yvi ». Ouf. Nous approchions. Quelques minutes plus tard, nous retrouvions notre bien-aimée D783 et Kerriou. L'aventure était terminée. Sacrée Marie-Claire!
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