Expériences et imaginaires de la fin du monde au XXe siècle
Giordana Charuty (EPHE)
Au début des années 1960, l’anthropologue italien Ernesto De Martino entreprend une vaste enquête comparative sur les ressources culturelles offertes par plusieurs imaginaires de la fin du monde ou de la fin de l’Histoire : celui du christianisme primitif, celui des mobilisations millénaristes du Tiers Monde, celui du mouvement communiste international, celui de la modernité artistique et littéraire.
Une définition de la culture comme ce qui préserve de la folie – entendue comme perte du rapport à soi et au monde – est au cœur de cette entreprise, qui fait suite à dix ans d’enquêtes ethnographiques dans l’Italie du Sud pour comprendre la rémanence de savoirs culturels, disqualifiés sous le nom de magie, destinés à prendre en charge des crises de l’existence individuelle.
Mais la mélancolie de l’Occident aux prises avec des mondes finissants et une « transcendance vide », dont témoigne la littérature moderne, peut aussi accueillir des expériences existentielles qui renouvellent le vénérable genre littéraire désigné par le terme « apocalypse », pour relancer le temps en acclimatant de nombreux thèmes que l’on retrouve, aujourd’hui, au cœur de nos cultures populaires contemporaines.
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