Mireille Calle-Gruber (Université Sorbonne Nouvelle Paris 3)
Conférence donnée dans le cadre du Cycle 2016/2017 des Conférences Campus Condorcet : « Mobilité et migrations dans le monde et dans l’histoire » - « Un acte d’hospitalité ne peut être que poétique », déclarait le philosophe Jacques Derrida. En faisant de la littérature un acte d’hospitalité, les écrivains francophones du Maghreb — ainsi Assia Djebar, Abdelkebir Khatibi — ou liés au Maghreb et parfois même nés en France ou d’une génération plus jeune — ainsi Nina Bouraoui —, ont donné à la création littéraire ses lettres de noblesse à la fois poétiques et politiques. À partir de 1950, l’écriture dans la langue de l’ex-colonisateur travaillant à la croisée des langues et inventant des formes hybridées, donne naissance à des œuvres fortes et singulières qui retraversent l’histoire douloureuse, le passif colonial et le ressentiment. Elles se confrontent à la mémoire collective et aux récits biographiques, posent la question de la prise de parole des femmes, voire des féminismes, et appellent à la nécessité de prendre en compte l’inscription du genre et des différences sexuelles dans la littérature.